Il n’y a pas eu de combat


Attentif au premier débat qui opposait lundi soir, cinq des onze candidats à l’élection présidentielle, Sham’s, fin connaisseur de l’art oratoire, a analysé le passage de ce quintet politique »

Les candidats à la présidentielle, François Fillon, Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélanchon, Marine Le Pen et Benoît Hamon ont passé lundi soir l’épreuve d’un premier débat télévisé, sous l’œil averti de Sham’s, homme de théâtre et formateur en art oratoire.

Pour le spécialiste des débats politiques, le constat est simple. «Il n’y a pas eu de de combat ». Postés dans l’arène du plateau de TF1, « les candidats se sont contentés de se neutraliser sans attaquer. On s’attendait à de véritables joutes oratoires mais la mise à mort n’a pas eu lieu. Quand on voit la véhémence qui prévaut durant les meetings, on s’attendait à un débat explosif. Il y a un peu de déception. » Pour autant, selon l’analyse de Sham’s, un candidat a réussi à tirer son épingle du jeu. Si certains commentateurs ont trouvé François Fillon effacé, voire en position de repli, pour notre spécialiste c’est bien lui « qui a marqué des points ».

« Suivant mes grilles de lecture, François Fillon a réussi le pari de faire oublier « l’affaire Pénélope ». Au lendemain du débat, on parle du programme des uns et des autres. On parle de tout, sauf de ses casseroles. C’est fort quand même. La campagne a bel et bien commencé. Il était calme, dans la retenue. Et son jeu a marché puisqu’il n’y a quasiment pas eu d’attaques à son encontre. Il ne s’est pas trop exposé volontairement. C’est une retenue tactique qui a porté ses fruits ». Concernant Emmanuel Macron, Sham’s relèveune « certaine fragilité. Il a été titillé et il a répondu un peu à fleur de peau. On n’a pas tellement vu son sourire. » Mélenchon, quant à lui, a campé le rôle de donneur de leçons. « Comme d’habitude, il s’est posé en axe de référence. Chacun avait ses armes. Contrairement à son dernier meeting, Benoît Hamonn’a pas réussi l’exercice. On ne l’a quasiment pas vu », poursuit Sham’s qui a aussi décortiqué les différentes interventions de Marine Le Pen. « Je trouve qu’elle avait le regard dans le vide. Cela dénote un côté faux. Elle était même en perdition par moments, comme si elle retenait sa personnalité. Elle posait des questions aux autres, leur donnant par conséquence la parole. A un moment Elle s’est tourné vers son public, comme un appel au secours. »

On veut voir jaillir la contradiction

Malgré tout, il estime qu’elle a marqué des points. « Quand elle parle, c’est « au nom du peuple ». Elle nomme les gens, elle les décrit. Elle parvient à dire aux gens ce qu’ils ont envie d’entendre. Il faut se méfier de cette candidate. Il y a des risques qu’elle fasse un gros score dès le premier tour. Il faudra surveiller le taux d’abstention. Le vote d’extrême droite avance masqué et est donc difficilement perceptible par les instituts de sondage. » Ce premier débat apparaît pour Sham’s comme un premier tour de chauffe. « Les candidats se sont beaucoup observés, presque en cherchant souvent une sorte de consensus. On veut voir jaillir le feu, la contradiction, programme contre programme, arguments contre arguments. On attend le deuxième débat et les nouvelles stratégies », conclut celui qui se passionne pour les joutes politiques.

Florence LABACHE

LU DANS LE JOURNAL LE QUOTIDIEN DE LA RÉUNION DU 22 MARS 2017

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